Non non, les messieurs de ces mesdames ne sont sûrement pas mariés, il y a beaucoup d'exceptions à la règle en fait !!
Bon, la suite demandée:
I- L'ENGAGEMENT
Les Eldars s'engagent très jeunes les uns envers les autres, souvent dès que leur corps le semble en harmonie avec leur esprit, vers la cinquantaine. Ils ne se marient qu'une fois au cours de leur longue existence, et cet engagement se fait toujours librement par chacun des intéressés. Les mariages eldarins sont des mariages d'amour et de confiance, basés sur la réciprocité et la tendresse. Il semble même que lorsque de nombreux Eldars de la Terre du Milieu furent corrompus, ils ne furent pas touchés par la luxure. En tout cas cela n'apparaît dans aucun texte, sans doute car l'esprit des elfes prédominant naturellement sur leur chair, ils étaient maîtres de leur corps et par nature constant en amour et chastes.
Le mariage est en quelque sorte l'un des jalons naturels qui ponctuent la vie des Elfes, au même titre que la naissance et la croissance qui lui succède. Durant les jours de paix, la plupart se choisissaient pour compagnons très tôt, durant l'enfance, et savaient qu'ils se marieraient et passeraient leur vie ensemble. Les fiançailles devaient alors attendre l'agrément des parents de chacun des jeunes gens.
II- LES FIANÇAILLES
Les deux maisons concernaient se réunissaient alors, et les fiançailles étaient proclamées. Les fiancés échangeaient des anneaux d'argent, ce qui scellait au nom de la loi des Eldars les fiançailles officielles des deux amoureux, lesquelles dureraient au moins un an, et la plupart du temps une période bien plus longue.
Le loi permettait toutefois à l'un des deux fiancés de rompre son engagement en rendant publiquement son anneau à l'autre. L' anneau était alors fondu afin de ne plus pouvoir servir à d'autres fiançailles. Toutefois, les ruptures étaient extrêmement rares, car contre-nature. Toutefois, il est dit que parmi les Eldars, certains n'étaient pas si inébranlables, et que plus d'un à Aman désira choisir une autre compagne que celle qu'il avait d'abord choisie, et que ce phénomène fut à l'origine des troubles et des désordres qui déstabilisèrent Aman et laissèrent les Valar dans le doute, l'impuissance et l'incompréhension.
III- LE MARIAGE
Les deux maisons se réunissaient de nouveau et célébraient le mariage au cours d'une fête cérémonielle et d'un festin qu'elles préparaient de façon égale.
A la fin du banquet, les fiancés s'avançaient vers la mère de la jeune fille et le père du jeune garçon qui leur prenaient les mains et les unissaient en les bénissant de façon solennelle (aucune oreille mortelle n'a jamais entendu les mots prononcés à cette occasion). La mère de la fiancée appelait en témoin Varda, tandis que le père du futur époux invoquait Manwë (certains disent que le nom d'Eru était aussi évoqué). Les jeunes gens se rendaient alors mutuellement leurs anneaux d'argent, et échangeait des anneaux d'or qu'ils porteraient désormais à l'index de la main droite. Chez les Noldor, il existait une tradition similaire à cet échange d'anneau, mais cette fois il s'effectuait de parents à enfants: la mère de la fiancée offrait un anneau pendu à une chaîne à son gendre, et le père de ce dernier faisait un présent à sa belle-fille.
Ces cérémonies entrent tout droit dans le cadre des coutumes et des traditions elfiques, car elles n'étaient pas légalement nécessaires pour que les jeunes gens s'épousent. Il suffisait pour rendre une union officielle que chacun des fiancés veuillent librement s'unir à l'autre. Cette coutume, par contre, est significative du sens profond accordé à la famille par les elfes. L'amour parental et le tendre assentiment à ce mariage, à l'union des deux familles, souligne l'importance du foyer. Certains Eldar, à cause des tristes événements qui sont relatés dans le Silmarillon, se sont mariés sans témoins et sans cérémonie, échangeant mutuellement leur propre bénédiction et le rite du Nom (voir l'article de Mathias Daval, "Au nom du Père"), et leur union n'en fut pas moins indissoluble aux yeux de la loi et du temps.
IV- LE FOYER ET LES ENFANTS
Signe du sens accordé à leur union, les époux appelaient indifféremment leur foyer "maison" ou "famille". S'ils l'avaient pu, leur demeure aurait sans doute grouillé d'enfants, mais les Eldar en avaient peu (quatre au plus, mais Fëanor en eu sept) et les chérissaient d'autant plus.
La grossesse durait un an exactement, ce qui a la caractéristique de faire naître le petit elfe le jour de l'anniversaire de sa procréation. Par la suite, son anniversaire aura donc un double sens, très important pour lui et pour ses parents. Celui de sa double naissance. Toutefois, l'année durant laquelle l'enfant est porté par sa mère et grandit en elle compte davantage encore, et entre dans les nombreux paramètres expliquant le faible nombre d'enfant par famille par rapport à l'extrême longévité des elfes.
On aurait pu croire que vivant pour ainsi dire éternellement, les Eldar pouvaient avoir autant d'enfants qu'ils le voulaient. Pourtant, bien que le corps et l'esprit n'ait pas grandis en symbiose, ils se rejoignent à l'âge "adulte", pour former un ensemble à peu près cohérent un court laps de temps, avant d'être en quelque sorte en lutte l'un envers l'autre jusqu'à la fin. Je ne dis pas ici que les Eldar ne sont pas éternels, au contraire. Lorsqu'ils se marient et fondent un foyer, ils bénéficient de cette courte période d'accalmie ("The Days of Children") au cours de laquelle leur corps est temporairement en harmonie avec leur esprit (maturité). Ils ont généralement leurs enfants durant cette période. Ensuite, leur corps continue d'évoluer, de "vieillir" (pas au sens "humain" du terme), puis se stabilise, alors que leur esprit ne cesse de changer, d'avancer, de désirer, d'apprendre etc.. Leur esprit consume leur corps, comme ils le disent eux-mêmes, avec la prémonition étrange qu'ils finiront par devenir de purs esprits, invisibles aux yeux du commun des mortels. C'est pourquoi les enfants qu'ils mettent au monde son si peu nombreux et si précieux à leurs yeux, tout comme la ou le compagnon qu'ils se choisissent pour la vie.
Ces enfants, ils les élevaient ensemble, dans l'amour et la compréhension, attentifs au corps autant qu'à l'esprit et au coeur. Les enfants étaient toutefois peu turbulents et n'avaient guère besoin d'être punis ou poussés à étudier.
Pourtant, il existe une autre caractéristique de la conception familiale des Eldars. Malgré l'amour qui les unit à leur compagnon et à leurs enfants, les elfes ne partagent pas toujours la même maison. Ils vivent extrêmement longtemps, et, nous l'avons vu, leurs "petits" sont rapidement indépendants. Durant la période évoquée plus haut au cours de laquelle ils "peuvent" avoir des enfants, il existe un second cycle pendant lequel ils se consacrent à d'autres activités propres à leur nature et à leurs pouvoirs. Et, au cours de ce cycle, il leur arrive d'être saisi d'une envie folle d'avoir un nouvel enfant, une sorte de bouffée enthousiaste faite de bonheur et d'amour. Bien entendu, le fait que les deux époux doivent être saisis de la même envie au même moment ne facilite pas davantage la fertilité elfique et rend chaque nouveau né plus précieux encore, et l'anniversaire de sa date de naissance encore plus joyeux par les souvenirs de bonheur qu'il ravive !
V- NERI ET NISSI: LA PARITE CHEZ LES ELDARS ?
L' elfe mâle (neri) et sa compagne (nissi) sont parfaitement égaux en droits et en devoirs vis à vis des lois elfiques. Toutefois, ils se répartissent les tâches et les rôles en fonction de leurs différences "sensitives" et leurs inclinaisons naturelles, celles-ci pouvant d'ailleurs être parfaitement indépendantes du sexe. Certains différences peuvent aussi avoir été instaurées par les coutumes, dont par le temps et l'usage, et varient suivant les lieux et les "races" Eldar.
Néanmoins, l'art de guérir, et tout ce qui touche généralement aux soins du corps, semble avoir été du ressort des nissi, bien les neri en soient aussi parfaitement capables en cas de besoin. Il semble pourtant que lorsque la mort a commencé à côtoyer le peuple Eldar (chasse, guerres...) la capacité de guérir des elfes masculins se soit amoindrie, ce qui n'advint pas, ou en de moindres proportions, chez les femmes restées davantage en retrait. Il ne faut donc pas chercher une explication mystérieuse de ce pouvoir guérisseur dans la féminité, mais plutôt dans les circonstances dues aux coutumes et à la répartition des rôles (il faut noter au passage que les nissi ont parfois combattu vaillamment aux côtés de leurs compagnons, et qu'on ne peut attribuer cette répartition des tâches (homme guerrier-femme au foyer) à une différence physique (force-faiblesse), ou du moins dans de bien moindres proportions que pour les humains: il semble qu'il y ait eu peu de différence au niveau de la constitution physique et de la force entre les neri et les nissi. Tolkien précise d'ailleurs qu'il y a eu aussi des elfe néri réputés pour leur talent de guerisseur, et des hommes (humains) s'abstenant de chasser, ou n'allant combattre qu'en cas d'extrême nécessité).
VI- JUSQU'A CE QUE LA MORT VOUS SEPARE...
Il n'est pas question ici de traiter la question de la réincarnation, de l'après-vie, et de la mort chez les Elfes. Toutefois, il faut évoquer les conséquences de cette épineuse réalité qu'est la mort et la renaissance des Eldar sur leurs mariages et la conception qu'ils en avaient.
La mort survenait parfois pour les Eldar, et leur société dû se pencher sur ce problème, notamment lorsque cela arrivait à l'un des éléments d'un couple. Nous l'avons vu, le mariage en tant qu'union indissoluble et éternelle entrait dans la nature profonde des elfes. Aucune loi n'était nécessaire pour contracter une telle union, la notion même de contrat était ridicule. Pourtant, s'ils n'avaient pas besoin de légiférer pour fonde rune famille, ou pour la renforcer, il fallait songer aux tristes et fatals événements de la vie. Les Eldars, confrontés à la nouvelle réalité de la mort, étaient perdus, et pleins de doutes.
Ils en ont donc appelé à Manwë, et celui-ci exprima sa pensée par la bouche de Nàmo Mandos, aussi appelé Le Juge: "Marriage of the Eldar is by and for the Living, and for the duration of life. Since the Elves areby nature permanent in life within Arda, so also is their unmarred marriage. But if their life is interrupted or ended, then their marriage must be likewise. Now marriage is chiefly of the body, but it is nonetheless not of the body only but of the spirit and the body together, for it begins and endures in the will of the fëa. Therefore when one of the partners of a marriage dies the marriage is not yet ended, but is in abeyance. For those that were joined are now sundered; but their union remains still a union of will.
"How then can a marriage be ended and the union be dissolved ? for unless this be done, there can be no second marriage. By the law of the nature of the Elves, the neri and the nissi being equal, there can be union only of one with one.
"Plainly an end can be made only by the ending of the will; and this must proceed from the Dead, or be by doom. By the ending of the will, when the Dead are not willing ever to return to life in the body; by doom, when they are not permitted to return. For a union that is for the life of Arda is endend, if it cannot be resumed within the life of Arda.
We say that the ending of will must proceed from the Dead, for the Living may not for their own purposes compel the Dead to remain thus, nor deny to them re-birth, if they desire it. And it must be clearly understood that this will of the Dead not to return, whenit has been solemny declared and is ratified by Mandos, shall then become a doom: the Dead will not be permitted ever to return to the life of the body".
Ce discours de Mandos fait figure de loi, de jugement suprême. Il est appelé "Doom of Finwë and Miriel"
Il semble qu'il y ait donc une grande différence entre un mariage des corps, qui prend son sens dans le fait de concevoir ensemble un enfant, de le porter et de le mettre au monde; et l'union de personnes qui s'aiment et/ou qui sont amies. Ce mariage s'accentue encore par delà la Mort car cette union "of Fëa" ou "of Fëar" va au-delà du corps et au-delà de l'esprit, il fait que les deux êtres sont unis, par le corps, par l'esprit, et ne font qu'un tout en étant deux. Il y ait question de volonté, et je pense qu'il y ait question d'engagement sacré et profond, où tout est si étroitement mêlé que seul le jugement des dieux peut le démêler, et réunir ce qui a été séparé par la Mort. Or, et cela devrait faire l'objet d'un article indépendant, dans la conception (et la réalité elfique ?) Eldar, seul le corps meurt. L'esprit est toujours là, et peut revenir si cela lui est accordé. Il se réincarnera, et sera toujours la même personne, mais avec un nouveau corps. Toute la difficulté est donc de garder unis par le mariage consenti deux êtres en harmonie "corps et âme" lors de leur échange de serment, mais différent (de corps) après la mort et l'éventuelle réincarnation de l'un d'eux.
C'est bien entendu bien plus compliqué.